DPGF, BPU, DQE : différences, bonnes pratiques et pièges à éviter

Cabinet Bagot _ DPGF, BPU, DQE : différences, bonnes pratiques et pièges à éviter _ Economistes de la construction

Dans un DCE, les pièces économiques servent un objectif simple : obtenir des offres comparables et pilotables. Encore faut-il distinguer clairement la DPGF, le BPU et le DQE, et savoir quand utiliser chacun. Voici un guide pratique, avec méthodes et points de vigilance fait par votre économiste de la construction en Ille et vilaine.

1) Définitions rapides

DPGF : Décomposition du Prix Global et Forfaitaire

Tableau qui détaille la composition d’un prix forfaitaire : lots, sous-lots, postes, fournitures et main-d’œuvre. Le total engage l’entreprise au forfait, quelle que soit la quantité réellement mise en œuvre (sauf modification du périmètre contractuel).

BPU : Bordereau des Prix Unitaires

Catalogue de prix unitaires négociés (U, ml, m², heure, forfait d’exécution partielle, etc.). Il sert à payer des quantités réellement exécutées (marchés à bons de commande, accords-cadres, travaux modificatifs).

DQE : Détail Quantitatif Estimatif

Liste de quantités estimatives appliquées aux prix du BPU pour comparer les offres à périmètre constant. Le DQE n’a pas valeur contractuelle si le marché est forfaitaire ; il sert à l’analyse et, parfois, au prévisionnel.

Règle de base

Forfait = DPGF comme pièce pivot. Unitaire/quantités variables = BPU + DQE pour analyser et payer.

2) Quand utiliser quoi

Cas 1 : Bâtiment en marché forfaitaire (privé ou public)

DPGF détaillée par lots, DQE « miroir » facultatif pour la comparaison, BPU réduit aux prix utiles pour travaux modificatifs.

Cas 2 : Entretien, maintenance, mono-opérations récurrentes

BPU complet et clair, DQE type pour classer les offres, bons de commande appuyés par les prix unitaires.

Cas 3 : Opération mixte avec incertitudes de quantités

DPGF pour la partie certaine, BPU pour postes variables, DQE commun pour l’analyse des variantes et aléas.

Astuce

Limiter le BPU à des lignes réellement actionnables pendant le chantier pour éviter la dilution des prix.

3) Bonnes pratiques de rédaction

Structure et lisibilité

  • Arborescence identique entre CCTP, DPGF, DQE et plans (codification par lots et postes).
  • Intitulés concis, mesurables et sans ambiguïté ; éviter « équivalent », « soigné » sans critère.
  • Unités normalisées : m², ml, U, h, kg. Bannir les unités hybrides et les postes « au forfait » dans un BPU.

Méthode de mesure

  • Préciser la règle de comptage par poste : surfaces nettes hors trémies, façades développées, réservations incluses ou non.
  • Indiquer les tolérances et sources (plans de l’APD/PRO, métrés sommaires, conventions type PGC/DTU).

Prix et conditions

  • Monnaie, TVA, frais annexes compris (levage, protections, déchets, essais, DOE).
  • Clauses d’actualisation/révision si marché long ; indices de référence annoncés.
  • Délais d’exécution et pénalités précisées hors DPGF mais cohérents avec son phasage.

Exemples d’intitulés efficaces

  • « Cloisons plaques de plâtre 72/48, h ≤ 2,80 m, y c. ossature, bandes, ratissage Q2, m² de paroi posée »
  • « Menuiserie extérieure alu Uw ≤ 1,3 W/m².K, vitrage 44.2/16/6, U, fourniture et pose complète »

4) Pièges fréquents et comment les éviter

1) DPGF trop sommaire

Un forfait global unique = offres incomparables et avenants. Découper en postes significatifs et vérifiables.

2) BPU « fourre-tout »

Des centaines de lignes inutilisées diluent les marges. Restreindre aux postes probables et regrouper par familles.

3) DQE qui ne « colle » pas au CCTP

Incohérences d’unités et de périmètre. Reprendre à l’identique les intitulés et unités du CCTP/DPGF.

4) Interfaces mal définies

Qui fait les percements, rebouchages, essais, protections ? Ajouter un tableau des interfaces en annexe.

5) Variantes non cadrées

Comparer A vs B sur base commune (performances, quantités, accessoires, mise en service) et demander le delta chiffré.

Check-list express avant publication

  • Arborescence identique entre pièces.
  • Unités et méthodes de mesure écrites.
  • DQE testée sur un lot pilote et total cohérent.
  • Tableau des interfaces et essais de réception listés.

5) Exemple de répartition des pièces économiques

Lot 02 : Gros œuvre

  • DPGF : terrassements, fondations, dalles, voiles, étaiement, protections.
  • BPU : m³ de béton C25/30, kg d’acier, m² coffrage spécifique, heure de pompe supplémentaire.
  • DQE : quantités estimatives issues des plans PRO pour comparer les offres.

Lot 09 : Cloisons/Plafonds

  • DPGF : cloisons par typologie, plafonds par zones, isolants, trappes.
  • BPU : m² cloisons 72/48, 98/48, ml couvre-joints, U trappes 60×60, h pose supplémentaire.
  • DQE : quantités par niveau selon plans d’architecte.

Conseil pratique

Tester le DQE avec une maquette de 3 espaces types pour valider la cohérence des unités et la couverture des postes.

6) Analyse des offres et pilotage chantier

Comparer à périmètre constant

  • Appliquer le DQE aux BPU de chaque entreprise et analyser les écarts ligne par ligne.
  • Identifier les prix « anormaux » (trop bas/trop hauts) et demander une mise à niveau.

Pendant les travaux

  • Forfait (DPGF) = pas de re-mesurage, sauf modification validée.
  • Postes unitaires (BPU) = attachements mensuels, métrés contradictoires, bons pour accord.

Traçabilité

Journal des quantités, visas des attachements, tableau des avenants, rapprochement planning-coûts.

7) Questions fréquentes

Le DQE a-t-il une valeur contractuelle

En marché forfaitaire, non : il sert à comparer les offres et à affiner le prévisionnel. En marché à prix unitaires, ce sont les attachements au BPU qui servent au paiement.

Faut-il toujours un BPU dans un marché forfaitaire

Utile mais pas obligatoire. Un BPU court facilite les modifications mineures sans renégocier tout le marché.

Comment limiter les avenants

DPGF suffisamment détaillée, méthodes de mesure écrites, interfaces clarifiées, variantes cadrées et DQE cohérent avec le CCTP.

Conclusion

DPGF, BPU et DQE sont complémentaires. Bien structurés et alignés entre eux, ils donnent des offres comparables, un suivi financier lisible et un chantier apaisé. La clé tient dans les unités, les méthodes de mesure et la cohérence stricte avec les pièces techniques.

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